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jeudi 10 mai 2007

Même Finkielkraut lâche Sarkozy !

Difficile à croire, et pourtant, après seulement quatre jours en tant que même pas encore président, Sarkozy parvient à se faire lâcher par l'un des pseudo-intellectuels les plus à droite qui soit, à savoir ce bon vieux Finky, oui oui, celui-là même qui n'a pas contredit Jean-Claude Milner, invité de son émission sur France Culture, lorsque celui-ci a affirmé que Les héritiers de Bourdieu était un livre antisémite.

Et bien le même Finky clame aujourd'hui à propos de Nicolas Sarkozy : Pendant trois jours, il nous a fait honte.

A lire sur Le Monde :

mardi 23 janvier 2007

Petite règle médiatique de base

Cette règle pourrait s'énoncer de la manière suivante :

Tout sujet ou personne fortement médiatisé sans être dénigré ne remet pas en cause le système actuel et la structure des rapports de domination

Ça peut paraître évident, mais je trouve que c'est un petit principe intéressant à garder en tête, notamment lorsqu'on écoute la radio ou qu'on regarde la télé. Prenons quelques exemples récents pour illustrer.

Les enfants de Don Quichotte

On peut quand même s'étonner qu'une association à l'histoire relativement courte parvienne avec l'aide de quelques tentes Decathlon à faire la une des médias pendant plusieurs jours. De même, lorsque l'association en question rédige une charte et que celle-ci est signée par différents candidats, de "gauche" comme de droite, on se dit que le document en question ne doit pas être trop dérangeant. Et lorsque l'assoce plie bagage dès les premières déclarations ministérielles, on comprend mieux. Il est à parier d'ailleurs que nous n'en entendrons plus parler.

A l'inverse, des associations comme Droit au logement, qui existent et agissent depuis des années, avec une vision politique globale de la question du logement, n'est quasiment jamais médiatisée lorsqu'elle effectue des actions sur le terrain, sauf lorsqu'il s'agit d'occupations d'immeubles visibles. Pourtant leurs activités ne se limitent pas à ça, comme j'ai eu l'occasion de le constater lors d'un mouvement pour le relogement d'explusés à Saint-Ouen, par exemple.

Nicolas Hulot

La similitude avec l'exemple précédent est frappante. Montée en puissance médiatique très rapide, maintien en une pendant une période relativement longue, une charte signée par quasiment tous les candidats, et une non-candidature qui fait que les effets de tout ça ne seront au final que purement médiatiques. Là aussi, on a une écologie "ramolo-libérale", sans remise en question fondamentale de nos modes de vie. Pour une critique parfaitement argumentée, je me contenterai de renvoyer à l'excellent article de Sophie Divry.

L'abbé Pierre

Ben oui. Pas facile de s'attaquer à une icône, et je ne nie pas qu'il a accompli un tas de choses très intéressantes. Mais coco des bois le dit bien :

Il n'a pas été nuisible, il a joué son rôle, et a contribué à endormir les gens, tant que des gens comme ça existent, comme tu dis, pas de révolte, et on peut continuer à se goinfrer, consommer et produire, PS et UMP lui rendront hommage pour leur avoir permis de continuer à flinguer la planète en paix.

Etc., etc.

A l'inverse, tout ce qui va réellement à l'encontre des intérêts dominants et médiatiques (qui sont le plus souvent les mêmes) est soit totalement occulté, soit largement critiqué et diffamé. On pourra citer :

  • La critique des médias (Acrimed, Le Plan B...) ;
  • L'action de Chavez au Venezuela ;
  • La révolte des banlieues de novembre 2005 ;
  • La campagne du non au Traité constitutionnel européen ;
  • etc.

Mais ce qui est intéressant avec cette règle, c'est qu'elle peut aussi aider à réaliser que certains sujets qui peuvent nous sembler importants à première vue ne doivent pas être si méchants que ça puisqu'ils sont largement médiatisés. Petite liste indicative :

  • les campagnes électorales, notamment les présidentielles, et tout particulièrement les candidats les plus exposés ;
  • le tri sélectif ;
  • le fait de s'inscrire sur les listes électorales et d'aller voter ;
  • etc., etc., etc.

Je vous laisse compléter vous-mêmes ces différentes listes selon le va-et-vient des sujets médiatisés.

Note : on peut aussi relever le caractère d'alibi que revêtent ces médiatisations politiquement anodines. Quand on a parlé des enfants de Don Quichotte, on a parlé des SDF. Quand on a parlé de Hulot ou du tri sélectif, on a parlé de la protection de l'environnement. Quand on a parlé de l'abbé Pierre, on a parlé des pauvres. Mais dans tous les cas, on s'est bien gardé de remettre en cause les fondements du système, les causes des inégalités, et on a aussi évité d'aller interroger directement les personnes concernées en privilégiant des porte-paroles médiatiques et médiateurs d'une réalité qu'on continue à cacher malgré les apparences. En définitive, on aura plus vu et retenu les tentes Decathlon que ceux qui ont dormi à l'intérieur.

mardi 10 janvier 2006

Chavez antisémite ? ou de la désinformation à Libération et au Monde

Peut-être êtes-vous, comme moi, tombés sur l'article de Libération du 9 janvier dernier et délicatement intitulé Le credo antisémite de Hugo Chávez. Dans ce texte signé Jean-Hébert Armengaud, on y apprend que le président vénézuelien aurait prononcé à Noël un discours dont un passage comporterait des connotations fortement antisémites, qu'on en juge :

il se trouve qu'une minorité, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ (...) s'est emparée des richesses du monde (...) et a concentré ces richesses entre quelques mains.

J'avoue qu'à la lecture de cette phrase, mon opinion a quelque peu vacillée. Ce fut même plutôt un coup dur quand on pense que ce qui se passe actuellement au Vénézuela (et peut-être bientôt en Bolivie) est une des rares raisons de rester optimistes actuellement.

Le lendemain, c'est au tour du Monde de titrer sur le même sujet : le centre Wiesenthal accuse M. Chavez d'antisémitisme. Cette fois-ci, la citation est légèrement plus longue :

Il y a dans le monde de quoi satisfaire les besoins de tout le monde, mais (il y a) des minorités, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ, les descendants de ceux-là même qui ont expulsé Bolivar d'ici et qui l'ont crucifié à sa manière à Santa Marta en Colombie. Une minorité s'est appropriée des richesses du monde.

Cette fois, la citation est un peu plus ambiguë, et on se demande un peu (et l'article le fait également) ce que les juifs auraient à voir avec Simon Bolivar. La conclusion du texte est un peu plus nuancée que celui de Libération, mais on imagine ce qu'en ont pensé ceux qui n'ont lu que le titre de l'article.

En fait, la citation exacte est beaucoup plus longue. Comme l'indique un billet du blogue de Jean-Luc Mélenchon, le texte complet du discours est téléchargeable sur Internet sous la forme d'un document PDF. On découvre alors, page 18, le passage incriminé :

El mundo tiene para todos, pues, pero resulta que unas minorías, los descendientes de los mismos que crucificaron a Cristo, los descendientes de los mismos que echaron a Bolívar de aquí y también lo crucificaron a su manera en Santa Marta, allá en Colombia. Una minoría se adueñó de las riquezas del mundo, una minoría se adueñó del oro del planeta, de la plata, de los minerales, de las aguas, de las tierras buenas, del petróleo, de las riquezas, pues, y han concentrado las riquezas en pocas manos: menos del diez por ciento de la población del mundo es dueña de más de la mitad de la riqueza de todo el mundo y a la... más de la mitad de los pobladores del planeta son pobres y cada día hay más pobres en el mundo entero.

Traduction proposée par un article très complet sur le sujet du Réseau Voltaire :

Le monde appartient à tous, toutefois des minorités, les descendants de ceux-là mêmes qui crucifièrent le Christ, les descendants de ceux-là mêmes qui expulsèrent Bolivar d’ici et le crucifièrent d’une certaine manière à Santa-Marta, en Colombie ; une minorité s’est approprié les richesses du monde ; une minorité s’est approprié l’or de la planète, l’argent, les minéraux, l’eau, les bonnes terres, le pétrole, les richesses donc, et les a concentrées entre quelques mains : moins de 10 % de la population mondiale est propriétaire de plus de la moitié des richesses du monde.

Conclusion : tout était dans les (...). Que dire sinon que le texte de Chavez a été délibérément déformé pour lui donner des connotations antisémites ? Face à de tels agissements, le mot "journalisme" est bien vite remplacé par d'autres qualificatifs : "désinformation", "manipulation", ou "propagande".

Cette histoire aura au moins eu un mérite : si Chavez dérange à ce point, c'est qu'il y a sans doute de bonnes raisons de s'intéresser à ce qui se passe au Vénézuela et qui pourrait bien, qui sait, se propager un peu, du moins en Amérique latine.

Mise à jour : comme d'habitude, Acrimed vient de publier un excellent article qui fait un point complet sur cette affaire.

mardi 2 août 2005

BHL contre Kim Jong-Il

Quand on lit une récente dépêche de Reuters sur la Corée du Nord, on ne peut s'empêcher de sourire (jaune) à la propagande d'une des dictatures actuelles les plus sinistrement caricaturales qui explique que son leader, Kim Jong-Il, outre le fait d'avoir une mémoire surnaturelle (il se souvient de toutes les lignes de code informatique et de tous les numéros de téléphone de ses employés, entre autres), est également un surdoué du golf. Surtout quand on sait que le dictateur en question, succédant à son père Kim Il-Sung, est surtout dénué de charisme et passionné de filles et de grosses bagnoles.

Quand on lit ça, donc, on se dit que cela ne pourrait jamais arriver dans une démocratie comme la France. Et là, grâce au génial travail de fourmi d'Acrimed, on tombe sur une autre dépêche AFP relatant une rencontre entre Bernard-Henri Levy et Villepin en 1997. Le contenu de celle-ci est proprement ahurissant, surtout quand on sait qu'elle émane d'une agence de presse officielle. On y apprend qu'à l'occasion d'une rencontre entre BHL et DDV, le second aurait dit au premier vous avez l'air d'un Christ sans plaies et que, bouleversé, le soir venu, BHL aurait eu les mains qui se seraient mises à saigner mystèrieusement... Lisez la dépêche si vous pensez qu'il s'agit d'une blague.

Très franchement, le parallèle entre les deux est un peu rapide, m'enfin, c'est quand même frappant, non ?